Le travail serait responsable de 6 à 8% des nouveaux cas de cancers

travail_responsable_cas_cancerPar Denis Méthot le 15 novembre 2013
Professionsanté.ca

Le milieu de la construction est l’un des secteurs où les travailleurs sont les plus à risque de développer un cancer d’origine professionnelle.

En 2013, le cancer aura provoqué la mort de 20 200 Québécois et 48 700 cas auront été diagnostiqués à travers la province. Mais combien d’entre eux sont d’origine professionnelle?

Des chercheurs de l’Institut Robert-Sauvé en santé et sécurité au travail (IRSST) viennent d’établir dans une étude que 6 à 8% de ces nouveaux cas seront liés au travail.

Un cancer est considéré d’origine professionnelle lorsqu’il résulte de l’exposition à un agent chimique, physique ou biologique en milieu de travail, ou encore de conditions inhérentes à une activité professionnelle.

Il s’agit d’un cancer qui ne se serait probablement pas produit si la personne n’avait pas exercé ce boulot. Selon les chercheurs de l’IRSST, ce type de cancers a provoqué entre 1100 et 1700 décès par année dans la province entre 2002 et 2006.

Prévalence

Plusieurs études ont estimé que 2 à 8 % des cancers seraient attribuables au travail, selon les pays et les types de cancers considérés.

Cependant, pour certains sièges ou types de cancer, la proportion de cancers d’origine professionnelle est beaucoup plus élevée. Elle atteint par exemple plus de 90 % dans le cas du mésothéliome de la plèvre chez les hommes.

Les cancers liés à l’emploi seraient beaucoup plus nombreux chez les hommes, soit 8 à 13%, contre 2 à 3% chez les femmes.

En outre, les cancers d’origine professionnelle seraient beaucoup plus mortels chez les hommes. Ainsi, entre 11 et 17 % des décès causés par le cancer chez les travailleurs de sexe masculin seraient liés à leur profession.

Cette proportion tombe entre 2 et 4% chez les femmes.

Par sexe

Les cancers d’origine professionnelle qui toucheraient le plus les hommes sont ceux de :

  • La trachée, des bronches et des poumons
  • La prostate
  • La peau (excluant le mélanome)
  • La vessie
  • Le mésothéliome
  • Le cancer du côlon
  • Les lymphomes non-hodgkidiens

Ceux qui toucheraient le plus les femmes sont ceux:

  • Du sein
  • De la trachée, des bronches et des poumons

Décès

Les sièges et les types de cancer qui généreraient annuellement le plus de décès attribuables au travail chez les hommes sont ceux de la trachée, des bronches et des poumons, du pancréas, le mésothéliome et les leucémies.

Chez les femmes, les plus mortels sont le cancer de la trachée, des bronches et des poumons, et celui du sein.

Par ailleurs, les cancers du poumon représentent environ la moitié des cancers d’origine professionnelle. On estime qu’ils constituent 48% des nouveaux cas chez les hommes et 30% chez les femmes, et qu’ils représenteraient 70% des décès chez les hommes atteints d’un cancer lié à l’emploi et 54% chez les femmes.

Bien que peu de cancers du sein (5%) et de la prostate (5%) soient d’origine professionnelle, ils représentent 50% des nouveaux cancers liés au travail chez les femmes et 14% chez les hommes.

Indemnisation

Au Québec, peu de travailleurs qui développent un cancer parviennent à le faire reconnaître comme une maladie professionnelle et à se faire indemniser par la CSST. Il est en effet difficile de prouver une relation causale entre le travail effectué et le cancer qui a été développé.

Qui plus est, la période de latence entre l’exposition en milieu de travail et la survenue du cancer est longue, atteignant parfois plusieurs décennies. C’est pourquoi seulement une centaine de personnes par année sont parvenues à obtenir des indemnisations de la CSST entre 2005 et 2007.

La majorité des cancers indemnisés l’ont été pour des travailleurs de la fabrication, des mines et de la construction.

Parmi les dossiers ouverts par la CSST entre 1997 et 2005, seulement 362 décès par cancer ont été indemnisés, dont six chez des femmes, tous des mésothéliomes. Chez les hommes, plus de la moitié de ces cancers étaient des mésothéliomes, de la plèvre ou du péritoine, suivis par les cancers du poumon.

Les auteurs de l’étude concluent que, malgré leurs limites, les données obtenues confirment que le nombre de cancers et le nombre de décès liés au travail représentent un fardeau significatif et que les statistiques d’indemnisation en sous-estiment la portée.

Consulter les résultats de cette nouvelle étude

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