« J’ai adopté l’état d’esprit d’un vrai patient »

Publié le par drboukaram

michel_fleurySource : Profession Santé.ca
Par Michel Dongois le 8 juillet 2011 pour L’actualité médicale

Le Dr Michel Fleury

S’il est un mot que le Dr Michel Fleury ne connaissait pas, c’était bien le mot « fatigue ». Ça ne le concernait aucunement, du moins jusqu’à cette fin de l’hiver de ses 52 ans. Mais voilà que le vendredi 7 avril 2006, une radiographie pulmonaire révélait une masse médiastinale.

« Je sentais bien que quelque chose clochait, mais on ne trouvait rien aux examens. J’avais perdu du poids, je transpirais la nuit. Je me disais que quelque chose me grugeait, ou alors que j’étais en dépression sans le savoir », raconte le médecin de famille à l’UMF Maizerets, à Québec, qui a exercé pendant 23 ans à Rimouski.

Il s’étonnait qu’il lui faille jour après jour cinq ou six cafés pour réussir à « faire » sa journée. « Mes proches avaient l’impression que je les fuyais, mais moi, j’avais simplement toujours besoin de me reposer. »

Lymphome

En ce printemps 2006, le Dr Fleury commence à comprendre la raison de sa langueur. Mais le diagnostic n’est pas clair et plusieurs rencontres avec un médecin spécialiste sont nécessaires en attendant de pouvoir enfin apposer une étiquette précise sur le mal et instaurer le bon traitement. C’est un lymphome non hodgkinien « particulier ».

« À l’annonce de la maladie, je me suis senti écrasé, une chance surtout que j’avais mon épouse, mes enfants! » poursuit le Dr Fleury. « Ça m’a pris deux jours rien que pour remplir le formulaire d’invalidité. Et je ne reconnaissais même pas mon écriture ! »

L’oncologue le rassure en lui disant qu’un traitement existe. « Mais il va falloir que tu t’occupes de toi!, ajoute-t-il avec insistance. « Je répète, Michel, il va falloir que tu t’occupes de toi! »

Le déclic

Et puis, un jour, c’est le déclic. « Au moment où tu décides de t’occuper de toi, tes proches, tes amis et tes collègues sont essentiels pour t’aider à apprendre. » Le Dr Fleury comprend qu’en fait sa guérison dépend en partie de lui-même.

Il consulte alors une psychologue, puis une diététicienne, en compagnie de son épouse. L’oncologue lui donne un article de fond sur la maladie qui le concerne. « J’ai lu les premiers paragraphes, puis j’ai laissé tomber. J’avais un médecin qui s’occupait de ma maladie, il savait ce qu’il faisait, ce n’était pas à moi de me traiter. » D’avril à la fin de septembre 2006, le Dr Fleury se rendra plus d’une quarantaine de fois à l’hôpital.

Ce lâcher-prise est bénéfique. « !J’ai décidé alors d’aborder la maladie comme je voudrais qu’un de mes patients l’approche. J’ai adopté l’attitude d’esprit du vrai patient, et ça m’a aidé à accepter les choses. Il ne servait plus à rien de chercher un coupable, mieux valait pour moi regarder en avant. »

Un événement pénible lui confirme la justesse de sa prise de conscience. Lors du premier traitement de
chimiothérapie, il se trouve aux côtés d’un jeune père de 35 ans avec qui il échange sur leur famille, leur quotidien respectif. « Cinq jours plus tard, avec un pincement au coeur subit, je voyais son visage dans les pages de la rubrique nécrologique! »

La foi

Sa maladie a renforcé les rapports du Dr Fleury avec ses proches. « !Trois choses m’ont aidé, résume-t-il : une bonne équipe traitante avec de bons traitements, l’appui de ma famille et de mes proches, et la foi, car je suis croyant et je l’exprime. Nous faisons du bénévolat, mon épouse et moi, dans notre paroisse. »

Ça prend l’appui aimant des proches pour s’en sortir, insiste-t-il, et il ne faut pas avoir peur de dire la vérité et de déranger ses amis. Au passage, le Dr Fleury dit avoir appris une leçon importante face au réalisme du temps qui passe. « Rentrer 90 minutes en une heure, j’ai essayé, ça ne marche pas! »

Alors, depuis, il a grandement ajusté le rythme. « Désormais, je suis heureux même pas au jour le jour, mais un instant après l’autre. Et pour le reste, j’ai l’espérance. Ça m’aide à transformer cet événement pénible qu’a été ma maladie en une expérience de croissance. »

Une réponse à « J’ai adopté l’état d’esprit d’un vrai patient »

  1. Héléna Ruest

    Le meilleur médecin que j ai connu, Merci à toi Michel♥️♥️

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