Les gens à faibles revenus moins susceptibles de prendre les bons moyens pour perdre du poids

Publié le par drboukaram

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Par Denis Méthot le 20 août 2014

La publicité minceur cible les consommateurs qui sont disposés à payer pour des régimes alimentaires ou un abonnement à un centre de conditionnement physique alors que, paradoxalement, ce sont les gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté qui sont les plus susceptibles d’être en surpoids ou obèses.

Bien qu’il soit difficile de lutter efficacement contre les kilos quand on a du mal à payer son loyer, l’aspect financier ne parvient pas à expliquer totalement pourquoi l’obésité est si répandue dans cette tranche de la population. Il existe d’autres raisons. Lisa Kakinami, chercheuse du Centre PERFORM de l’Université Concordia, en expose quelques-unes dans une étude postdoctorale financée par les Fonds de recherche du Québec – Santé, dont les résultats viennent d’être publiés dans l’American Journal of Preventive Medicine.

Selon ses constatations, les gens qui en arrachent le plus financièrement sont moins sujets que les mieux nantis à prendre les bons moyens pour lutter contre le surpoids.

«Les ménages aux revenus les plus élevés ont davantage tendance à réduire leur apport en gras et en sucre, à faire de l’exercice ou à boire beaucoup d’eau que ceux dont le revenu est faible», affirme cette chercheuse, qui est aussi professeure au Département de mathématiques et de statistiques de Concordia.

Choisir la facilité

Plutôt que de changer leurs habitudes alimentaires ou de faire régulièrement de l’exercice, les personnes défavorisées sur le plan économique vont opter pour ce qu’elles considèrent comme des méthodes plus faciles. Même si leurs ressources financières sont moindres, elles auront plus tendance à se tourner vers des méthodes d’amaigrissement «sans effort», comme des pilules amaigrissantes et des régimes inefficaces plutôt qu’à utiliser des stratégies reconnues et gratuites.

Les jeunes Américains élevés dans des ménages à faible revenu étaient très enclins à employer des stratégies contraires aux recommandations nationales, ont observé les chercheurs. Ils étaient moins portés à faire de l’exercice que les membres des familles les mieux nanties et plus susceptibles de jeûner ou de sauter des repas.

« Dans l’ensemble, nos résultats semblent indiquer que la préférence des gens à faible revenu va aux méthodes qui procurent le sentiment d’un résultat immédiat, mais qui ne fonctionnent pas à long terme et finissent par être nocives », souligne la chercheuse montréalaise.

Lisa Kakinami y voit une forme d’échec des campagnes d’information et de publicité sur l’obésité et les moyens de la contrer. L’analyse des données recueillies auprès des quelque 8800 participants à la National Health and Nutrition Examination Study fait ressortir des lacunes persistantes dans les messages émis à la population.

«Les recommandations nationales sur les moyens à prendre pour perdre du poids sont peut-être trop éloignées des préoccupations des gens qui peinent à joindre les deux bouts», avance-t-elle.

Revenant à l’aspect financier de la question, la chercheuse de Concordia estime qu’en matière d’obésité, les gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir les méthodes de pointe en matière de gestion de l’alimentation et de la condition physique risquent de subir de graves conséquences.

Prendre du recul

De toute évidence, la quantité d’études menées sur le surpoids ne suffit pas à renverser la tendance, note Lisa Kakinami, qui souhaite avec ses études provoquer un changement en profondeur de la santé publique afin de rejoindre toutes les couches de la population.

«Toutes les études sur le surpoids se brouillent sans doute dans l’esprit des individus. C’est peut-être le moment de prendre du recul et d’évaluer ce que les gens savent et comprennent de l’obésité et de la perte de poids», conclut-elle.

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