Choisir d’intégrer la médecine intégrative !

cover-derive_cadre_vfPar Michel Dongois le 8 novembre 2013 pour L’actualité médicale

Le Dr Martin Moisan1 semble plutôt zen, avec son look de moine tibétain. « Je fais de la méditation, ça va avec mes croyances. De la méditation active, car je ne médite pas juste là-haut sur la montagne, je redescends dans la vallée, là où ça brasse. »

Et là où ça brasse, en ce moment, c’est dans le système de santé.

Médecine intégrative

Le Dr Moisan est un médecin « intégré », à l’image de la médecine intégrative dont il fait la promotion. Ce médecin de famille, également massothérapeute, est instructeur en tao (chi kung, tai chi). Il a aussi choisi de s’exposer à des contextes cliniques variés, dont une expérience africaine avec Médecins sans frontières et la médecine de dépannage aux quatre coins du Québec.

Une suite de frustrations professionnelles l’a poussé à creuser ce qu’il appelle « la dérive du système de santé québécois ». C’est aussi le titre du livre qu’il vient de publier. Fruit de plusieurs années d’introspection, l’ouvrage radiographie sans complaisance un système qui, selon lui, souffre en profondeur. « Cette souffrance atteint aussi les soignants », ajoute le Dr Moisan, qui dit partir non d’un raisonnement cérébral, mais « de perceptions et d’un ressenti objectif ».

Souffrance

L’une des grandes souffrances, selon lui, découle d’une vision de la médecine confinée à sa seule dimension rationnelle. Il la voit enfermée dans un vêtement trop serré qui ne convient plus à l’évolution des mentalités et surtout, insiste-t-il, des besoins. La médecine strictement rationnelle ne rendant compte que d’une partie de la réalité humaine, il s’agit de l’élargir avec les approches complémentaires.

La réponse scientifique laisse en effet de côté les émotions humaines, par exemple, pourtant cruciales dans les prises de décisions individuelles concernant la santé. Il s’agit alors de décloisonner la pensée, car l’idée tenaille le Dr Moisan que l’être humain est bien plus que son corps et qu’une profession seule, au surplus, ne saurait se l’approprier.

Ouverture

Le médecin suggère donc que le réseau s’ouvre à des expériences, en commençant par l’acupuncture. Sans faire du Québec la Chine occidentale, poursuit-il, on peut au moins explorer.

Déjà 31 hôpitaux aux États-Unis s’y emploient avec l’acupuncture, la massothérapie et l’ostéopathie, autant d’approches qu’on ne peut qualifier de délires new age.

Or, pour le moment, seule une poignée de médecins se commet pour la médecine intégrative au Québec. Pensons au Dr Christian Boukaram, radio-oncologue, qui a étudié le rôle des émotions dans le cancer. Pourtant, note le Dr Moisan, plusieurs docteurs vérifient déjà sur eux-mêmes les bienfaits du yoga ou de la méditation, par exemple. Mais de là à établir un lien éventuel avec leur pratique, il y a un pas qu’ils hésitent à franchir. « Cela illustre sans doute que nous, médecins, avons besoin d’aide pour intégrer ces approches à notre pratique. »

Je sais que mon livre va être attaqué, poursuit un Dr Moisan lucide. « Mais je souhaite au moins que les autorités médicales et politiques prennent conscience que ça ne tourne pas rond dans notre système de santé. »

Il rêve aussi de réunir des médecins ouverts à l’idée d’enrichir la médecine moderne d’autres apports. « Cette tribune est à inventer », reconnaît-il sans illusion, car il admet aussi que la plupart des docteurs craignent de s’exprimer et de briser les consensus établis.

Pourtant, quelques-uns se sont déjà librement réunis en dehors des instances officielles, autour de la défense du réseau public par exemple. Mais cela touche la périphérie du système, non le coeur même de la médecine et de la vision de l’être humain qu’elle sous-tend, y compris dans son rapport à la mort. « Le vrai changement, je crois, va venir de la population », laisse tomber le Dr Moisan.

Reste à voir quand le système se mettra à écouter les citoyens.

Dépression

C’est pas demain la veille, croit la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, en se référant au traitement de la dépression. « Le premier choix des patients, c’est la psychothérapie, avec un médicament au besoin. Ils nous l’ont dit clairement. » Or, on continue à leur offrir surtout des antidépresseurs, poursuit-elle, alors que ces derniers ne sont le premier choix que de 6 % des patients, selon un sondage de l’OPQ.

Commentaire de Mme Charest : « Les médecins procèdent avec ce qu’ils ont; et ce qui leur est le plus facile d’accès, c’est la prescription. Mais trop souvent certains déplorent devant moi ne pas avoir accès, pour leurs patients, à un psychologue ou à un psychothérapeute ».

Peut-être pourront-ils un jour élargir la gamme de leurs possibles, entre autres avec les approches complémentaires, le yoga, la méditation et l’effet placebo2.

1. Médecin de famille, Centre de santé Kanesatake
2. Voir le billet du Dr Alain Vadeboncoeur « L’homéopathie fonctionne ! Mais je prescris plutôt la natation », sur ProfessionSanté.ca
Profession Santé http://www.professionsante.ca/medecins/opinions/editoriaux/…

Une réponse à Choisir d’intégrer la médecine intégrative !

  1. Francine Gravel

    La médecine intégrative j’y crois beaucoup,ayant déjà eu un cancer du sein, je me suis servie du Yoga, de la méditation et de la visualisation, d’ailleurs ils font partie de ma vie de tous les jours… Donc plus on en parlera, plus la médecine intégrative fera son chemin. Bravo au Dr Boukaram, dont j’ai lu son livre, et qui m’a aidé dans mon cheminement de comment gérer mes émotions. Et bravo au Dr Moisan dont je vais tenter de me procurer son livre.

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