Bougeons avec nos patients ! Des médecins prennent leur santé en main cinq témoignages

16723302_sPas plus en forme qu’il ne faut, certains médecins participant au Colloque sur le bien-être des médecins venaient chercher l’encouragement pour repartir du bon pied. D’autres, qui se portent comme un charme, étaient plutôt en quête de façons de transmettre la bonne nouvelle de la santé à leurs patients.

Après la prise des mesures anthropométriques et un test de marche, les médecins, par groupes, enchaînaient diverses étapes : exercices cardiovasculaires et de musculation, conférences et présentations diverses, avec recommandations et conseils de kinésiologues par exemple, atelier culinaire, pauses réflexives. Le tout dans une ambiance à la fois sérieuse et bon enfant. Plusieurs médecins participants, tous états de santé confondus, ont accepté de témoigner pour L’actualité médicale.

Premier témoignage

« Je suis venu pour moi, pour m’occuper de moi ! »

«Je souffre d’un problème d’obésité et je ne fais pas assez d’activités physiques. Alors, je me suis dit qu’il serait bon pour moi de venir chercher un coup de pouce vers plus de santé. Je suis vraiment venu pour moi, pour m’occuper de moi », dit le Dr François Laurendeau, 60 ans.

Il a assisté au colloque avec sa conjointe. « Tous deux nous voulons nous encourager à reprendre une activité physique régulière, des activités de plein air, de la marche surtout, ou du tapis roulant. »

Le Dr Laurendeau a déjà suivi de la réadaptation cardiovasculaire. « Là, je veux m’y replonger. Le temps est venu pour moi de réintégrer dans une pratique régulière toutes les connaissances que j’ai déjà, sans partir en fou. »

Il a beaucoup apprécié la formule d’un colloque qui allie sagesse, connaissance et pratique. « Chapeau à cette rencontre qu’il faudrait étendre un peu partout, idéalement en allant chercher les jeunes médecins qui vont commencer leur vie médicale. »

Des êtres de paradoxe

Dr Laurendeau, pour ces jeunes médecins, donner priorité à la qualité de vie, n’est-ce pas déjà une promesse d’une meilleure santé ? « En partie oui, sans doute, car il est légitime de ne pas s’enfermer dans des horaires impossibles, comme l’ont fait bien des gens de ma génération. Il est sûr que les jeunes ne veulent pas revenir à ce que nous, à ce chapitre, avons vécu. »

En tant que médecins, poursuit-il, nous sommes parfois aussi des êtres de paradoxe. « Nous nous disons débordés, ce qui est sans doute vrai pour beaucoup d’entre nous. Mais avec les dernières mesures de la FMOQ, alors qu’il y a de l’argent frais à la clef, voilà que des médecins, hier encorecomplètement dépassés par les événements, trouvent soudain le temps, aujourd’hui, de prendre de nouveaux patients !»

Chacun doit s’interroger sur lui-même, conclut le médecin, et voir comment il peut mener sa vie au mieux. « D’où l’importance de sensibiliser dès le départ la relève aux trois choses qui importent pour rester en bonne santé : la gestion du stress, l’alimentation et les exercices physiques. J’espère que les jeunes, eux, appliqueront vraiment ce principe dans leur propre vie, sans attendre d’y être con-traints par une maladie. »

Le Dr François Laurendeau

médecin de famille, Amos

Deuxième témoignage

Sur les rails de l’optimisme…, comme une collégienne !

«Ma participation au Colloque sur le bien-être des médecins m’a remise sur les rails de l’optimisme et du bonheur. Je sais ce qui me donne ma joie de vivre, je ne me sens plus coupable de me donner les moyens de réussir. Dans la foulée de ce colloque, j’ai entrepris des démarches pour un voyage « thérapeutique » auquel je rêvais sans oser le réaliser : fin juin, je pars pour deux semaines de repos avec ma sœur. Comme deux collégiennes qui préparent leurs vacances…

« Je trouve mon bonheur dans le temps de qualité que je donne à mes patientes, à ma famille, à mes amis et à moi-même. Mais comment faire quand mes collègues travaillent plus que moi et que tous ceux qui m’entourent s’attendent à plus de moi ? Voici le dilemme auquel je fais face. Pourtant, je suis persuadée que mon bien-être personnel est un atout majeur pour la qualité de mes interventions au travail. »

Symptômes

« Alors que tout va toujours de plus en plus vite, prendre le temps d’effectuer une tâche n’est pas encouragé. Essayez de faire plus, avec moins, tel est le message, implicite et/ou explicite, qu’on nous lance, étant donné le nombre élevé de patientes sans médecin, le manque de temps opératoire et de personnel administratif. Mais jusqu’où étirer l’élastique, quand on voit le nombre élevé d’étudiants, résidents et collègues en état d’épuisement ? Comment renverser la vapeur et retrouver l’équilibre ?

« Gérer mon stress passe par une meilleure connaissance de moi-même, et certains symptômes avant-coureurs me montrent que j’ai trop travaillé récemment. Comme je veux éviter de tomber dans une trop grande fatigue, je dois limiter mes heures de travail et prendre des vacances. »

Temps précieux

« Le colloque m’a confirmé l’importance de ne pas me culpabiliser lorsque je prens du temps pour moi-même. Je m’en accordais à l’occasion, mais je l’utilisais parfois pour une réunion de dernière minute ou pour dépanner une patiente, un collègue. Or, ce temps personnel est désormais, à mes yeux, aussi précieux que celui que je consacre à une réunion administrative ou à toute autre obligation.

« Plusieurs patientes me disent que je ne vieillis pas. La semaine dernière, certaines m’ont lancé : «Gardez votre sourire, Dre Desjardins ! » Je partage avec elles les trucs qui marchent pour moi, je leur dis l’importance de garder un poids santé, de rester actives. Je leur enseigne qu’elles ont un certain contrôle sur ces aspects de leur vie, pourvu qu’elles s’en donnent les moyens. J’encourage chaque petit succès, comme d’avoir commencé à corriger une prise de poids excessive lors d’une grossesse. Je dirige souvent les patientes vers une nutritionniste, en ajoutant un commentaire d’espoir. »

La Dre Céline Desjardins

obstétricienne-gynécologue, Montréal

Sa recette de mise en forme

« J’ai trouvé mon domicile à deux kilomètres de l’hôpital, et je me suis engagée à m’y rendre à pied. Cela fait maintenant plus de trois ans que je marche; je compte sur les doigts d’une main les fois où je n’ai pas pu aller à pied au travail. C’est devenu mon exercice cardio. Mes collègues respectent ma décision en ne m’offrant pas de monter avec eux en auto. J’apprécie ce geste de respect et je le leur dis.

« J’ai toujours fait de l’exercice de façon presque quotidienne : conditionnement physique, kung fu, étirements, pilates ou yoga. Si la paresse m’envahit pendant quelques jours, mon corps me rappelle à l’ordre. Je partage également ce moment privilégié avec mes enfants. Nous avons repris le ski alpin en famille cet hiver, ce qui nous a rapprochés; cela a eu un impact certain sur notre mieux-être physique et psychique. Vive le sport ! »

Troisième témoignage

Pas de yoga ce soir !

La meilleure décision qu’elle ait prise récemment a été de laisser tomber… le yoga !

La Dre Emmanuelle Tran, médecin de famille à Alma, devait en effet se stresser pour arriver à temps à une activité censée la déstresser ! « Vraiment, tout est question d’équilibre », dit cette mère de quatre enfants. Voici son témoignage.

« Assister au Colloque sur le bien-être des médecins faisait partie d’un cheminement amorcé depuis longtemps, dès la fin de l’université en fait. Gestion du stress, alimentation, exercices, j’en suis. Et en plus, un colloque où l’on bouge ! Les journées interminables, assise à écouter des présentations magistrales, je trouve ça de plus en plus difficile.

« J’ai apprécié le côté pratique des ateliers, où l’on intègre les changements proposés. Par exemple, j’ai apprivoisé le tofu, que toute la famille a finalement aimé, découvert les 15 minutes d’exercices à intégrer dans le quotidien; j’essaie tant bien que mal de me garder aussi trois fois trois minutes par jour de pause « respiration ». (Ce n’est pas encore parfait.) Tous ces acquis, je tente de les transmettre à mes patients, qui semblent réceptifs.

Yoga et déclic !

« J’ai besoin de bouger et de changement. Alors, je fais du judo*, du step, du jogging et de la gymnastique posturale. Cette année, je me suis inscrite à un cours de yoga. Comme il y a eu une petite éclaircie dans mon horaire, hop là : 1 h 15 de yoga avec mon chum, bien incrustée entre le cours d’accordéon de mon aînée et le cours de judo des deux garçons. Parfait. Repas rapide, je pars d’un côté avec ma fille, mon chum part de l’autre avec les garçons, on se rejoint au yoga et on relaxe… Puis, vite, on se relève, je cours chercher ma fille qui m’attend depuis 20 minutes pendant que mon chum va chercher les gars.

« Un jour, alors que je me rendais à ce cours avec 10 minutes de retard, après avoir sprinté à l’épicerie pour regarnir le frigo vide, j’ai eu comme un déclic : ça n’avait pas de sens ! Je ne suis pas allée au yoga. J’ai tranquillement rangé mes achats, je suis allée tranquillement chercher ma fille, à l’heure. Je retournerai au yoga lorsque je pourrai y aller tranquillement. »

Bonheur au quotidien

« Je trouve le bonheur dans ce que je fais au quotidien : j’aime ma profession, mon équipe de travail, et j’ai les meilleurs patients du monde. L’enseignement à l’UMF d’Alma me motive. J’aime les soins intenses et urgents, autant que la thérapie de soutien, l’accompagnement dans l’adaptation aux diverses phases de la vie.

« Et plus que tout, j’aime être une maman de quatre enfants, Laura, Anne, Jules et Lucas. Ensemble, on fait de la musique et du judo. Cela exige cependant une sacrée organisation et un minimum de temps. Pas sûre que je sois une super- blonde par-dessus tout ça, mais Grégoire me prend comme je suis.

Heureusement !

« Pour garder l’équilibre, j’ai besoin de faire des choses qui ont du sens pour moi, d’y trouver du plaisir. Alors, je prends le temps de “jaser” avec les gens qui m’entourent, mes patients, mes collègues. Ça rend la journée tellement plus agréable. Et lorsque quelque chose me rebute ou m’ennuie, j’essaie d’y trouver un défi. »

La Dre Emmanuelle Tran

médecin de famille, Alma

*La Dre Emmanuelle Tran est ceinture noire.

Quatrième témoignage

« Une formidable initiative axée sur la santé ! »

«Un couple de mes patients dans la soixantaine m’avait parlé des ateliers de réduction du stress du Dr Robert Béliveau. Quand j’ai vu que celui-ci donnait sa conférence au Colloque sur le bien-être des médecins, j’ai décidé de m’y inscrire, relate la Dre Anouk Matte, en compagnie de mon amie, la Dre Emmanuelle Tran.

« Ce colloque est une formidable initiative, d’autant plus appréciée qu’elle est axée sur la santé, et non pas sur la maladie, dit cette dernière. C’est plus optimiste comme vision des choses, et ça fait du bien, beaucoup de bien. Même si, comme médecin, je sais ce qu’il faut savoir et faire pour être en forme, me le faire répéter ne nuit pas, bien au contraire.

« Je fais du ballet classique depuis très longtemps et je m’y applique encore trois fois par semaine. J’y trouve mon équilibre mental, dans le tourbillon de la vie, avec le travail, mes trois enfants, etc. »

Podomètre

« Le colloque m’a aidée aussi, grâce à la conférence de la Dre Johanne Blais, à savoir mieux évaluer, chez mes propres patients, leur degré de motivation au changement.

« Il faut être drôlement convaincu pour amorcer un changement de mode de vie, surtout pour nous, médecins, qui carburons à la performance et aux heures accumulées. En médecine, on veut des résultats, mais en matière de prévention, ces résultats ne sont pas immédiats. Alors, c’est doublement méritoire de faire ces changements dans nos vies…

« Depuis ce colloque, je porte un podomètre au quotidien, cela me pousse à me dépasser. Comme j’aime les chiffres, quand je vois 7000 pas par exemple, je me dis : « Tu peux faire mieux, Anouk ! » et ça me motive.

« Enfin, j’ai constaté combien les animatrices du Centre Épic, nutritionniste, kinésiologues, entre autres, ont le feu sacré pour motiver les troupes. Ça aide aussi ! »

La Dre Anouk Matte

médecin de famille, CLSC Saint-Louis-du-Parc, CSSS Jeanne-Mance Montréal

Cinquième témoignage

Être en bonne santé, une nécessité

«Je suis au début de ma carrière comme médecin de famille; garder un équilibre dans ma vie personnelle, et particulièrement avec toute ma santé physique et mentale, m’aide à mieux accomplir mon travail. Étant moi-même convaincue des bienfaits de l’activité physique et d’une saine alimentation pour ma santé, il m’est beaucoup plus facile de conseiller mes patients de bouger davantage et de se prendre en main.

« Le colloque m’a donné plusieurs outils que j’utiliserai quotidiennement avec mes patients, mais aussi personnellement. Prendre rendez-vous avec soi-même, ce n’est pas un luxe, mais une nécessité ! »

La Dre Maryse Lavoie

médecin de famille, Edmundston

« Être en forme est aussi une affaire de famille »

Le goût de l’activité physique commence dès la petite enfance, croit la Dre Anouk Matte. Récemment, ses enfants sont arrivés en lui lançant : « Maman, on doit accumuler des “cubes énergie”. Il s’agit de « Lève-toi et bouge ! », un concours entre écoles, initiative de Pierre Lavoie pour savoir qui accumulera le plus de points : 1 cube par 15 minutes d’activité.

« J’ai eu du mal à coucher les enfants ce soir-là, ils ne voulaient pas s’arrêter de courir de 15 minutes en 15 minutes. »

Et si les parents le faisaient avec eux, ça comptait pour des cubes supplémentaires. « Alors, j’ai fait d’une pierre deux coups, et je suis contente que leur école m’encourage aussi à bouger, moi… »

Un jeu

L’activité physique est bien vécue par les enfants, poursuit le médecin, surtout quand elle est un jeu. « Dans le fond, il faut rester enfant dans son cœur, pour notre cœur, tout au long de notre vie. »

Elle dit avoir de bons souvenirs d’activités physiques pratiquées dans son enfance. Avec son père, également médecin, elle était sur les skis de fond à sept ans, franchissant des montagnes. « Petite, je me souviens de lui avoir demandé :

“Est-ce que les gros pensent moins vite ?” Il m’a répondu :

“Tu sais, Churchill était très gros et très intelligent.” »

Quand le Dr François Croteau a mentionné, lors du colloque, que l’activité physique, selon les recherches, serait protecteur dans le cas de la maladie d’Alzheimer, dit-elle, « je me suis dit que ma question d’enfant n’était peut-être pas si bête ! »

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