« Stress » et Cancer
Le domaine d’étude qui relie stress et cancer fait maintenant partie des plus grands centres d’oncologie et les recherches se multiplient.[1] Une étude publiée dans la revue Nature, en 2011, démontre que le «stress » chronique peut amener des modifications de nos chromosomes (notre ADN) et que ces changements peuvent aussi être hérités.[2] Un rapport publié en 2012 dans la revue Psycho-oncologie intitulé Mind Matters In Cancer Survival, attribue une importance au mental dans la survie, notamment par des mécanismes de l’adrénaline et du cortisol sur la prolifération cancéreuse[3]. Certains récepteurs d’adrénaline ou d’autres neurotransmetteurs du stress ont été retrouvés sur les cellules cancéreuses. Des modèles animaux reproductibles sur les êtres humains* démontrent une activation des cellules cancéreuses via ces mécanismes du stress[4].
*Nous utilisons ces modèles animaux, car il existe des limites éthiques et méthodologiques à faire ces études chez l’être humain.
Ceci n’est pas du tout une raison pour paniquer, car le stress est tout de même quelque chose d’essentiel et normal. Il n’est pas le facteur causal de la maladie, mais uniquement un indice envers un modèle biopsychosocial de la santé.
Ces découvertes nous forcent à nous interroger si, dans notre pratique actuelle, nous accordions autant d’attention, non seulement aux traitements médicaux et aux manifestations physiques des tumeurs, mais aussi à la personne elle-même, son vécu émotif, sa détresse, sa volonté de cultiver la foi ou l’espoir, son besoin de participer à sa thérapie et de prendre un contrôle sur sa destinée (en anglais, empowerment). Certes, les études quantitatives sont conflictuelles, mais il existe aussi d’autres études qualitatives dans ce domaine relativement aux témoignages de personnes ayant « déjoué » leurs statistiques médicales.
Il semble exister une corrélation entre la qualité de vie et la quantité de vie, mais il ne s’agit pas du tout de dire que le stress est responsable du cancer ou que la pensée magique fonctionne. C’est même nocif de penser ainsi, car les gens peuvent se sentir coupables de leur maladie ou se sentir obligés de penser positivement tout le temps et de réprimer des émotions négatives normales comme la colère. Il s’agit plutôt de réaliser que les facteurs psychologiques peuvent interférer avec les habitudes de vie et amener les gens à des comportements cancérigènes, comme le tabagisme, la consommation d’alcool, la carence diététique, l’inactivité physique, la réticence à consulter un médecin, la peur de la médecine classique, etc. Les facteurs psychiques ont aussi une importance dans le traitement. La relation corps-esprit est maintenant clairement établie au niveau des effets secondaires des traitements qui peuvent être diminués par des outils complémentaires, tels que l’hypnose, la méditation et le yoga. Ces outils améliorent aussi les profils biochimiques et immunitaires.
Mais, encore une fois, les facteurs psychiques ne sont pas un moyen de guérison ultime de la maladie. Ils ont le rôle de potentialiser les traitements médicaux et de modifier les comportements des gens.
Aussi, la médecine est un art et une science. Au fil des années, nous nous sommes peut-être trop concentrés sur la dimension science et nous avons peut-être oublié la dimension art qui consiste à aider la personne et l’aider à se maintenir en homéostasie, de soutenir son pouvoir d’auto-guérison. (en anglais, healing).
Nous avons une médecine excellente pour traiter des conditions, mais nos moyens de prévention et nos moyens de maintenir la qualité de vie sont à améliorer. Quant au cancer, nous avons d’excellents moyens de dépister la maladie une fois celle-ci déclarée, mais nous ne visons pas assez le style de vie qui en est aussi grandement responsable, donc nous, nos choix et nos comportements. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on pourrait prévenir 30% des cancers via des changements de comportements.
2 Responses to « Stress » et Cancer
salut docteur , merci pour cet article très enrichissant .
Stress et cancer : mourir en six mois (fév 2019) d’un cancer métastatique. Avec un CPI introuvable. Mon conjoint avait 54 ans.
Sa vie (et plus): diabète de type 1 a 32 ans, mauvais relation avec son père, perte d’emploi. Désire de plaire encore et toujours.
Il n’est plus la. Il est trop tard. Il aurait eu besoin d’aide moral durant sa maladie…ce qu’il a eu trop peu, très peu et trop tard.
Régler et faire face aux conflits , aux émotions. Aller chercher de l’aide, si cela est possible sans attendre d’être malade. Trouver des personnes compétentes qui vont nous aider dans nos souffrances psychiques est également un défi. Car l’aide fonctionnera avec une belle connexion entre le patient et le thérapeute. La santé mentale, tout comme l’être humain est d’une grande complexité.